lundi 9 avril 2018

Le groupe Octubre sort le grand jeu pour défendre la gauche sud-américaine [Actu]

"Les démocraties sont en danger", proclame le gros titre
En bas, la pire des deux phrases des contrôleurs du ciel
"Balance cette ordure par le hublot"

Après la mise sous écrou de Lula au Brésil, et alors que Cristina Kirchner attend de comparaître dans des conditions assez rocambolesques pour l'affaire Nismann (ou plutôt celle du mémorandum d'entente avec l'Iran qui n'est jamais entré en vigueur, faute d'avoir reçu l'aval du parlement de la République islamique), le groupe médiatique Octubre, propriétaire de Página/12 et de la radio AM 750, se lance dans une opération tous azimuts de défense des droits de la gauche latino-américaine, c'est-à-dire de politique à la fois souverainiste et de redistribution sociale, que la droite, qui a désormais le vent en poupe sur tout le continent, est en train de détruire, systématiquement, tout en développant un discours agressif et passablement revanchard (méprisant en tout cas) et en tentant tout ce qu'il est possible de tenter pour mettre sous les verrous les responsables politiques antérieurs.

AM 750 a donc rassemblé à l'antenne le théologien de la Libération Leonardo Boff (Brésil) et le Prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel (Argentine) autour de ce thème, repris en une de Página/12. Par ailleurs, le quotidien de gauche met en relief les propos inadmissibles tenus par un contrôleur du ciel brésilien au moment de donner l'autorisation de décollage au petit avion qui emmenait Lula de São Paolo à la prison de Curitiba : "Emmène-le et ne le ramène plus jamais !" Ce qui fut ensuite complété par une phrase ignoble parce qu'elle rappelle beaucoup trop le Plan Condor (1) et montre le mépris avec lequel ces gens de droite entendent traiter les détenus : "Jette cette [belle] ordure par le hublot" [ou par la fenêtre].

Les deux phrases, dûment enregistrées, ont été diffusées sur les ondes d'une radio brésilienne (favorable à Lula) et la première a été authentifiée et reconnue par l'armée de l'air brésilienne en charge du transport du prisonnier. Elles étaient reprises ce matin par presque l'ensemble des journaux argentins.

Pour aller plus loin :
lire l'article de une de Página/12, dont le gros titre est plus fort en une que sur l'article lui-même (qui reprend une déclaration sans intérêt du petit-fils de Lula : mon grand-père n'est ni un voleur ni un criminel. En quoi est-ce une information ?)
lire l'article de Página/12 sur les phrases scandaleuses des contrôleurs du ciel militaires
lire l'article de La Nación sur les phrases qui font polémique
lire l'analyse publiée par La Nación où un consultant argentin en communication politique installé au Brésil rend compte des deux conceptions de la bataille pour l'égalité dans le pays lusophone
lire l'article de Clarín sur les propos des contrôleurs du ciel
lire aussi l'article de Página/12 où s'exprime une experte judiciaire au sujet des pressions politiques qui ont pesé sur les travaux concernant la mort de Rafael Nahuel, au printemps, ce zadiste mapuche tué par les forces de l'ordre en Patagonie (abattu dans le dos). Elle émet l'hypothèse d'une manipulation politique, rendue hélas tout à fait crédible par la précipitation de la ministre de la Sécurité quand à chaque incident grave, elle parle à tort et à travers dans les médias en avançant des explications avant même que la justice ait pu enquêter. Elle sait toujours tout de suite et comme par hasard, les forces de l'ordre étaient pleinement dans leurs droits lorsqu'elles ont fait usage de leurs armes.



(1) Le Plan Condor était une opération coordonnée dans les années 70-80 par plusieurs pays d'Amérique du Sud pour se débarrasser des opposants aux dictatures militaires en place en les droguant et en les jetant dans l'océan ou dans le Río de la Plata depuis des petits avions des forces aériennes.