vendredi 26 mai 2017

Un 25 de Mayo qui grince [Actu]

La vice-présidente (en fauteuil) avait revêtu un poncho du plus bel effet !
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La crise économique continue à attrister le paysage argentin et affecte cette année la célébration du 25 Mai, fête nationale argentine. La consommation reste en deuil et continue de baisser de mois en mois, creusant un peu plus les écarts sociaux.

Les homélies des Te Deum en ont été marquées à la cathédrale de Buenos Aires, où officiait le cardinal Poli, primat d'Argentine, devant le couple présidentiel, le gouvernement au grand complet et l'équipe municipale (tous de la même couleur politique depuis dix-huit mois) comme à la cathédrale de Santa Fe où la messe était célébrée par le président de la Conférence épiscopale. Dans un commentaire centré sur la lecture évangélique du jour, Mario Poli a glissé quelques rappels sur la paupérisation des couches sociales les plus vulnérables et évoqué tous ceux qui, dans le pays, manquent de travail, de ressources et d'accès aux biens matériels et culturels nécessaires à une vie plus digne d'un beau pays comme l'Argentine.
Monseigneur Arancedo, quant à lui, évoquant la vertu d'espérance, il en est venu à parler de la crise de confiance qui traverse le pays et à appeler lui aussi au dialogue, à la rencontre respectueuse par-delà les différences idéologiques...
Le Premier ministre s'est déclaré en plein accord avec les prélats puisque le Gouvernement serait en train de travailler nuit et jour à la réduction de la pauvreté, même s'il s'écoule beaucoup de temps entre les promesses d'investissement (1) et l'amélioration sensible de la situation économique.
Là-dessus, l'archevêque de La Plata, Héctor Aguer, qui a le chic de faire des déclarations provocatrices contre la gauche, y est allé de sa petite fantaisie en faisant des commentaires, hors de propos, sur l'actualité judiciaire récente, en critiquant le Gouvernement qui s'est empressé de rectifier la loi sur les remises de peine en réaction à un arrêt de la Cour Suprême (cf. mon article du 11 mai 2017) et a condamné une loi votée par la Chambre provinciale qui fixe à 30 000 le nombre des victimes de la dernière dictature dont il ne veut pas qu'on la qualifie de civico-militaire... Il y a quelques années, j'ai vu cet homme de près. Il ne respire pas la chaleur humaine... Un peu ennuyeux pour un ministre du Dieu d'amour. Et puis, balancer de tels propos dans ces circonstances, c'est mettre le feu aux poudres...

Très étonnant dans ce journal :
la photo de une est consacrée à Cristina et non pas au président Macri
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Et la Tupac Amaru a achevé le tableau en publiant (on n'en attendait pas moins d'eux) la lettre manuscrite que le Pape François a envoyée à Milagro Sala dans sa prison à Jujuy. Le Saint Père ne fait que répondre à une lettre de la détenue qui se plaignait à lui de mauvais traitements qu'elle subit derrière les barreaux. Comme d'habitude, peu soucieux de l'emploi partisan que pourront en faire des organismes comme Tupac Amaru ou Madres de Plaza de Mayo, il a écrit comme il écrit à une personne emprisonnée. Et bien entendu, la chose est interprétée comme une prise de position en faveur de la députée et hostile au Gouvernement à part.

On a connu des 25 de Mayo plus consensuels...

Pour en savoir plus :
sur les homélies :
lire l'article de Página/12 sur le discours de Monseigneur Poli
lire l'article de Página/12 sur celui de Monseigneur Aguer
lire l'article de La Prensa sur le discours de Mario Poli
lire l'article de La Prensa sur celui de Héctor Aguer
lire l'article de La Nación sur l'homélie de Monseigneur Poli
lire l'article de La Nación sur celle de Monseigneur Aguer
lire le texte de l'homélie de Monseigneur Poli grâce à l'agence AICA qui le reproduit en intégralité
sur les péripéties de l'affaire Milagro Sala
A noter que sur ces sujets, Clarín n'avait pas grand chose à dire dans son édition de ce vendredi.



(1) L'Argentine vient de recevoir coup sur coup deux délégations européennes de chefs d'entreprise accompagnant leur chef d'Etat : visite de la présidente suisse puis du président italien.