lundi 3 avril 2017

Plan Extinction Zéro pour la faune argentine [Actu]

Le rabbin Sergio Bergman, ministre national de l'environnement et du développement durable, vient d'annoncer le lancement d'un plan de sauvegarde pour les six espèces animales (1) les plus en danger d'extinction en Argentine :
  • le jaguar, déclaré monument national naturel il y a plusieurs années par le Congrès de la Nation, un animal qui a été férocement chassé tant pour la beauté de sa robe que pour sa dangerosité à l'égard des hommes comme du bétail et du gibier ;
  • un petit poisson sans écailles, de la famille des characidea, dont on ne connaît qu'un seul genre, nommé scientifiquement Gymnocharacinus Bergii - il n'a aucun nom en français car il ne vit qu'en Argentine, dans une rivière de la province de Río Negro (on en aurait recensé 1000 spécimens) ;
  • la grenouille pehuenche, à l'habitat lui aussi très réduit, au milieu des Andes australes, pour une population de 500 individus ;
  • le commandeur huppé, un passereau magnifique mais quasiment éteint, avec seds 47 spécimens répertoriés (il appartient à la famille des bruants et s'appelle en Argentine le cardinal jaune) ;
  • l'ouette à tête rouge (les ouettes, oiseaux palmés, ont donné leur nom à la station thermale la plus célèbre et la plus ancienne du Chili, sur le versant occidental des Andes) ;
  • et le splendide daim de la pampa, petit cervidé de 30 à 40 kg à l'âge adulte, un des plus gracieux habitants des plaines orientales de l'Argentine, dont il resterait encore 2000 individus.

Résumé illustré très pédagogue de La Nación
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Le ministre, pressé par la communauté scientifique et les militants de la biodiversité, voudrait rendre effectif un plan conçu sous le mandat de Néstor Kichner, en 2004, dans une Argentine encore sous le coup de la faillite d'Etat de décembre 2001, mais jamais mis en œuvre. Il appelle de ses vœux le travail interministériel, seul capable d'être efficace dans un domaine aussi complexe, à l'heure où l'Argentine fait des économies draconiennes dans le domaine de la recherche scientifique pour rétablir les finances publiques, dont le gouvernement (et une bonne partie de l'opinion publique) dit qu'elles ont fait l'objet d'un véritable gaspillage pendant les douze ans de mandat Kirchner.

L'ébauche de plan annoncé par le ministre est donc le début de bonnes pratiques qu'il va falloir amplifier sur le long terme. Il est probable que la manifestation de soutien à la politique actuelle samedi conforte ces quelques mesures et permettra de les développer, même si, par ailleurs, le ministère de l'Energie et des Ressources minières et celui de l'Agriculture poussent dans des sens totalement incompatibles avec des politiques de sauvegarde et de lutte contre le réchauffement climatique, dont dépend pourtant la préservation de la biodiversité.

En Argentine, les réserves naturelles recouvrent environ 12% du territoire national, soit environ 35 millions d'hectares, répartis sur tout le pays, sur le continent comme dans ses eaux territoriales, dont un peu plus de 4 millions sont des parcs nationaux.

Pour aller plus loin :
consulter la page des parcs nationaux sur le site Internet de l'Instituto Géográfico Nacional qui dépend du ministère de la Défense.


(1) Dans mon recueil de contes, paru aux Editions du Jasmin, en juin 2015, Contes animaliers d'Argentine, j'ai fait le choix de contes qui mettaient en scène plusieurs de ces animaux autochtones protégés.